L’occasion de s’initier à des odeurs inconnues, des métiers mystérieux
et de se découvrir peut-être des talents insoupçonnés.
est installé au 73, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris
Le premier musée du genre dans la capitale française espère attirer au moins 300 000 visiteurs dès 2017.
Avant le flacon, l’odeur et l’émotion
Le musée a trouvé son écrin près de l’Elysée, là où Christian Lacroix avait installé sa maison de couture, dans un hôtel particulier du XIXe siècle et son jardin, entièrement rénovés. Le musée a accepté une mission impossible : exposer les odeurs, pourtant invisibles. Guillaume de Maussion, président et fondateur du Grand Musée du parfum explique que « l’’idée est de faire prendre conscience aux visiteurs de l’importance des odeurs dans la vie quotidienne ».
C’est là où l’on parle le moins de parfum, on parle de plaisir olfactif
Guillaume de Maussion, président du Grand Musée du Parfum à franceinfo
La visite commence par solliciter un autre sens : la vue. « C’est un peu le jardin d’Alice au pays des merveilles », décrit le maître des lieux, en montrant de grandes fleurs en Corian qui diffusent une odeur à l’approche du visiteur : « Ce peut être l’odeur du basilic, de la framboise, du chocolat… »
Au visiteur de deviner et d’enregistrer les découvertes appréciées, qu’elles soient fraîches, vertes, boisées. À l’aide de cette première approche, les curieux de l’odeur suivront le sillage des parfums. On est encore loin du flacon, une affaire personnelle. « Le choix final relève de l’émotion ».
Le matériel des professionnels à portée du nez
En déambulant sur les trois niveaux du musée, 70 odeurs se présentent à la découverte. Ce sont des senteurs sèches, sans alcool, qui n’ont rien à voir avec une parfumerie. Au sous-sol, on remonte le temps avec des odeurs ancestrales comme le Kyphi de l’Egypte des pharaons, sans doute le premier parfum de l’humanité, ou la myrrhe, qui fait référence aux rois mages. Deux étages plus haut, ce sont des senteurs professionnelles, les outils des « nez », comme Anne Flipo, qui exerce le métier de parfumeur. Elle a créé, entre autres, « La vie est belle » de Lancôme, « L’homme » d’Yves Saint Laurent, « Love story » de Chloé ou encore « Lady Million » de Paco Rabanne.
La spécialiste présente une sorte d’orgue de parfumeur, offert au visiteur. Le nez travaille en humant des gouttes. L’oreille est ensuite sollicitée par des mots placés sur l’odeur, pour vous expliquer par exemple la découverte de « l’absolu jasmin ».
Des moments magiques, pour cette spécialiste : « C’est l’occasion de découvrir 25 des plus importantes matières premières de la parfumerie. »
On travaille avec des ingrédients fantastiques, qui font rêver : la fleur d’oranger, le jasmin, le patchouli qui vous fait voyager.
Anne Flipo, parfumeurà franceinfo
La découverte pourrait susciter des vocations. Combien de temps faut-il pour devenir parfumeur ? « À peu près dix ans », reconnaît la créatrice. Le parfumeur est-il un nez solitaire ? Pas forcément, il faut parfois unir les talents pour donner vie à un projet. « Pour ‘La vie est belle’ de Lancôme, nous avons travaillé à trois, raconte Anne Flipo. Le projet a duré trois ans et nous avons fait 5 500 essais ».
L’odeur réveille les souvenirs
Roland Salesse, neurobiologiste, est également chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), où il a créé, il y a 15 ans, l’unité de neurobiologie de l’olfaction. Pour ce spécialiste, l’odorat constitue le sens des émotions par excellence. « Dès qu’on a senti un produit quelconque, le cerveau traite très rapidement le message nerveux généré. On réveille donc les émotions et les souvenirs, avant même de savoir ce que l’on a senti. »
C’est le fameux effet de la madeleine de Proust. On est ému, on est bouleversé avant même de savoir ce qui s’est passé.
Roland Salesse, neurobiologisteà franceinfo
Les parfumeurs-créateurs ont-ils un don ? Selon Roland Salesse, « une zone du cerveau, le cortex orbitofrontal, centre de la conscience des odeurs, est plus épais chez les parfumeurs que parmi la population de référence ». N’est sans doute pas « nez » qui veut, mais des talents ou des prédispositions pourraient être cachés, faute d’avoir été stimulés. Le scientifique regrette que le sens de l’odorat ne soit pas sollicité : « Tout le monde a du nez, mais on ne le cultive pas. Dans la petite enfance, il n’y pas d’éducation olfactive, ce qui est un manque important. »
Le Grand Musée du Parfum compte bien stimuler la perception des odeurs, en toute neutralité, puisque toutes les marques, sans préférence commerciale, se sont penchées sur son berceau.
Source :
http://www.francetvinfo.fr/culture/ouverture-du-grand-musee-du-parfum-un-parcours-ludique-et-professionnel-par-le-bout-du-nez_1978537.html#xtor=AL-85
http://www.grandmuseeduparfum.fr/
26 décembre 2016
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